Évolution du jeu vers le sport ou comment le sport permet de comprendre le monde et penser demain

Conférence inaugurale de l’Université Populaire du Sport, propos introductifs par Georges Vigarello, 01/02/2025, INSEP Paris

La conférence inaugurale de l’Université Populaire du Sport s’ouvrait sur une allocution de Georges Vigarello qui mettait en perspectives les ambitions du manifeste et s’articulait autour de 3 thèmes : l’évolution du jeu vers le sport, penser le sport pour comprendre le monde, penser demain.

1 - Évolution du jeu vers le sport

Les débuts de la recherche sur le sport sont médicaux avec les travaux de Fernand Lagrange, Physiologie et exercice du corps,1888.

Les années 1880 voient l’institutionalisation de la recherche principalement autour de la physiologie et des sciences sociales.

Une idée veut que nos sociétés expliqueraient l’apparition du sport. Or comprendre le sport explique comment et pourquoi nos sociétés changent. Les changements de société font changer les pratiques sportives.

Au XVIIIe siècle, les jeux se pratiquent sans institutions. Le pari tient lieu de règles car « il tient au fait que l’on doit faire confiance à son adversaire, et pour installer cette confiance, il y a un enjeu d’argent ». Aujourd’hui, les règles au sein de cadres de pratique sont institutionnalisées.

Entre la société pré-révolutionnaire et aujourd’hui, les sociétés divergent selon 3 grandes dimensions :

  1. Le temps - le jeu est libre d’être pratiqué à tout moment, pas de compétitions ouvrant à une sélection progressive

  2. L’espace - pas de mise à disposition ni aménagement particulier de l’espace par la communauté.

  3. La relation sociale - le jeu reflète l’organisation hiérarchique de la société.

Mais aussi une misogynie structurelle, le rôle central du phénomène religieux, et le fait que la pratique n’est pas objet d’observation technique sauf certaines pratiques « nobles » (escrime, équitation).

2 - Conditions de la naissance du sport

La fin du XIXe signe la révolution sociale contemporaine avec la fin des terroirs due à l’évolution des modes de transport.

La fin des terroirs entraîne l’unification des territoires et l’unification des règlements entraîne la sélection des meilleurs pour des rencontres élargies entre terroirs qui aboutissent à la sélection et la hiérarchisation.

Le sport intègre de façon démocratique la possibilité pour chacun de concourir. L’abandon de la hiérarchie sociale est une des conditions du sport.

L’idéal sportif est égalitaire, la différence provient en effet de ce qui est à nous : travail, persévérance, talent,…

Le sport va organiser l’espace, le temps, l’éloignement du religieux, un type de marché fondé sur le spectacle et le loisir.

Au XXe siècle, la technique devient incontournable pour améliorer la performance.

Mais la réussite a sa partie obscure : violence, dopage et corruption.

3 - Penser demain

Penser demain, c’est :

  • Adresser les points noirs de la pratique sportive,

  • Se préoccuper de la recherche et de la formation des jeunes,

  • Penser le sport comme un acteur de la confrontation positive entre les états.

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Éthique et philosophie face aux enjeux éducatifs du sport